Comment parler à vos collaborateurs de votre futur exit ?

Aborder la question de la transmission avec les collaborateurs non-actionnaires nécessite une préparation. L'entrepreneur doit identifier les collaborateurs à qui parler, au bon moment et de la bonne manière. Pour vous aider à vous préparer, nous explorons les sept erreurs les plus courantes à éviter.

4/30/202410 min read

Le projet de cession de votre entreprise commence à se dessiner. Vous avez peut-être déjà entamé, en toute confidentialité, des réflexions et des échanges dans ce sens avec vos conseillers les plus proches.

Si vous êtes comme la plupart des entrepreneurs, fondateurs ou repreneurs, vous comptez fortement sur vos collaborateurs et vous vous sentez redevable envers ceux qui vous ont aidé à bâtir votre projet entrepreneurial. La culpabilité du projet de cession peut alors devenir paralysante.

En effet, pour un entrepreneur, la vente future de son entreprise représente un (grand) gain financier potentiel, la liberté de prendre sa retraite ou de se lancer dans d'autres projets, et la possibilité de célébrer sa réussite. Pour les employés, une vente future représente une incertitude importante : Aurai-je encore un emploi ? Qui sera mon nouveau patron ? Aurai-je le même titre et les mêmes responsabilités ? Mon environnement de travail va-t-il changer ?

Vous avez conscience du choc brutal que pourra provoquer votre projet de vente et qu’il pourra être perçu par vos employés comme une rupture (un abandon ?).

Ne prononcez pas ce mot !

Il est donc facile de comprendre pourquoi les entrepreneurs hésitent même à mentionner le mot "vente" devant leurs employés. Comme je l’ai ressenti moi-même lorsque j’ai cédé mon entreprise précédente, le projet de vente me semblait être un secret un peu honteux que je devais malheureusement garder pour moi-même. Mais bien que cette perception soit courante, les projets de cession d’un entrepreneur peuvent être envisagés bien différemment.

Comment aborder le sujet ? Avec qui ? A quel moment ?

Votre transmission apportera des changements, mais ces changements peuvent bénéficier aux employés. La cession peut ouvrir de nouvelles opportunités d'emploi et de carrière. Certains entrepreneurs choisissent de partager d'importantes récompenses financières avec des employés appréciés lors de la vente, grâce à des programmes de partage de valeur au travers de l’actionnariat salarié. Dans notre expérience de travail avec de nombreux entrepreneurs, la plupart s'efforcent de traiter leurs collaborateurs et autres parties prenantes de manière équitable lors de la sortie.

Parler de la cession avec les collaborateurs n'est pas seulement une approche potentiellement meilleure pour eux, cela peut aussi être mieux pour vous, le propriétaire. Vous aurez besoin de l'aide des employés pour préparer l'entreprise à la vente et pour soutenir le processus. De plus, maximiser la valeur transférable d'une entreprise en préparation d'un événement d’exit est un effort d'équipe impliquant les collaborateurs clés de votre organisation.

Si vous ne partagez pas avec votre équipe comment et pourquoi l'entreprise doit prendre des mesures pour maximiser la valeur pour un futur acheteur ou successeur, vous et votre équipe pouvez rapidement perdre de l'alignement. Il existe de nombreux exemples de la façon dont cela peut se produire. Peut-être que votre entreprise n'a jamais subi d'audit financier, mais vous décidez d'en réaliser un pour préparer l'entreprise à la vente. Les audits représentent à la fois un coût financier significatif et une charge de travail pour votre équipe. S'ils ne connaissent pas vos raisons pour l'audit, cela peut entraîner de la confusion, voire du ressentiment. Dans un autre exemple, une cession réussie nécessite généralement de réduire la dépendance de l'entreprise à l'égard de l'implication quotidienne de l’entrepreneur dans des fonctions critiques. Si vous commencez à demander à votre équipe de prendre plus de responsabilités, mais s'ils ne connaissent pas vos motifs, cela peut entraîner de la suspicion, voire de l'hostilité.

En fin de compte, la réalisation d'une cession réussie, tant pour vous que pour vos employés, nécessite un effort d'équipe. Sur le papier, il n'est pas difficile de comprendre les raisons de parler avec les collaborateurs du projet de transmission, mais cela reste plus facile à dire qu'à faire. La plupart des entrepreneurs n'ont pas d'expérience dans ce type de conversation. La gérer de manière inappropriée peut causer de réels préjudices.

Aborder la question de la transmission avec les collaborateurs non-actionnaires nécessite une préparation.

Les associés doivent identifier les collaborateurs à qui parler, au bon moment et de la bonne manière.

Pour vous aider à vous préparer, nous explorons les sept erreurs les plus courantes à éviter.

Icône avec le chiffre 1
Icône avec le chiffre 1

ERREUR #1 : Ne rien dire à personne à l'avance

Ne pas discuter à l'avance de leurs plans d’exit avec leurs collaborateurs, et attendre le dernier moment possible, est la plus grosse erreur que commettent souvent les entrepreneurs.

Certains collaborateurs, apprenant la vente de l'entreprise, préfèrent partir. Le moral peut en souffrir. Les clients peuvent s’inquiéter et vous quitter. Les concurrents peuvent profiter de la situation.

Bien que ces préoccupations soient légitimes, ne rien dire à personne à l'avance est généralement impraticable et contre-productif. Vous avez probablement des employés dont l'aide sera nécessaire pour préparer l'entreprise à votre départ, comme votre responsable financier. Enfin, attendre de partager vos plans jusqu'à peu de temps avant votre départ produit probablement le plus grand choc pour vos employés précisément lorsque vous voulez minimiser l'incertitude et les turbulences.

Ne rien dire à personne à l'avance ne fait que retarder l'inévitable et peut donc augmenter les risques alors que votre objectif est de les minimiser.

Icône avec le chiffre 2
Icône avec le chiffre 2

ERREUR #2 : Tout dire à tout le monde à l'avance

Si ne rien dire à aucun collaborateur à l'avance est une erreur, l'autre extrême consistant à tout dire à tout le monde à l'avance est également déconseillé. Tous les collaborateurs n'ont pas besoin de connaître vos plans d’exit. Informer chaque employé maximise le risque que l'information tombe entre de mauvaises mains au mauvais moment. Par ailleurs, certaines entreprises mises en vente ne se vendent pas, et certaines transactions peuvent échouer pendant la due diligence.

En apprenant que vous vendez, certains de vos collaborateurs pourraient rechercher un poste auprès de vos concurrents, ce qui pourrait alerter vos clients, fournisseurs et concurrents et provoquer des situations indésirables.

La dernière chose que vous voulez faire est d’avoir prématurément informé vos employés. Heureusement, la plupart des entrepreneurs mesurent bien ce risque et donc peu d’entre eux commettent cette erreur.

Icône avec le chiffre 3
Icône avec le chiffre 3

ERREUR #3 : Ne pas informer vos collaborateurs de confiance

Si ne rien dire à aucun collaborateur à l'avance est le plus souvent une erreur, et si tout dire à chaque collaborateur en est également une, il doit exister un cercle restreint de vos collaborateurs avec lesquels envisager de partager vos futurs plans de sortie. Nous appelons ce groupe vos "collaborateurs de confiance". Sont concernés les collaborateurs qui occupent des postes clés et ceux qui devront jouer un rôle dans la préparation de la cession.

Vous devez impliquer un groupe de collaborateurs de confiance à un moment donné dans vos plans de transmission. Sans leur soutien, votre cession sera plus difficile et risquée, voire pourrait ne pas avoir lieu.

Icône avec le chiffre 4
Icône avec le chiffre 4

ERREUR #4 : Ne pas informer assez tôt vos collaborateurs de confiance

Une fois identifiés les collaborateurs de confiance avec qui partager vos projets de cession, la question suivante est "Quand leur dire ?"

Beaucoup d’entrepreneurs attendent trop longtemps. C’est souvent une erreur. Plus tôt vous partagerez vos objectifs de transmission avec vos collaborateurs de confiance, plus ils auront le temps de vous aider à préparer l'entreprise et à maximiser sa valeur transférable.

Partager vos plans avec des collaborateurs de confiance bien avant votre horizon de transmission non seulement vous aide, mais les aide également. Votre départ peut créer des opportunités de responsabilités plus importantes pour ces collaborateurs sein de l'entreprise avant votre départ et après votre départ.

Plus vous leur donnez de préavis, moins cette information sera troublante. Si vous dites à vos collaborateurs de confiance que vous avez l'intention de partir d’ici cinq ans, ils ne seront probablement pas alarmés et pourraient même se demander pourquoi vous n’avez pas déjà abordé ce sujet. En revanche, si vous dites à vos collaborateurs de confiance que vous avez l'intention de partir d’ici dix mois, vous allez susciter de l'angoisse et de l'inquiétude. Plus vous donnez de temps à ce sujet, moins il devient explosif.

Envisagez d'aborder cette question pour la première fois avec vos collaborateurs de confiance au moins plusieurs années, idéalement cinq ans, avant que vous ne souhaitiez céder votre entreprise.

Cela leur permettra de s’accoutumer à l’idée de votre départ et leur donnera suffisamment de temps pour se préparer eux-mêmes et l'entreprise à cette échéance.

ERREUR #5 : Prédire des résultats que vous ne pouvez ni connaître ni contrôler

Une fois que l’entrepreneur aborde le sujet de la sortie avec ses collaborateurs de confiance, ceux ci auront naturellement des questions. Les questions les plus courantes courantes sont : Quand cet événement se produira-t-il ? Qui reste ou qui part ? Si le plan est de vendre l'entreprise, qui pourrait être l'acheteur ? Comment cela impactera-t-il les emplois ? Naturellement, vous voudrez répondre à leurs questions et leur fournir des assurances. Mais il est important de rester dans les limites de ce qui est connaissable et contrôlable. Évitez de faire des prédictions ou des promesses qui peuvent être impossibles à tenir. Elles peuvent provoquer des situations dommageables pendant le processus de vente.

Vous ne pouvez pas contrôler ou prédire ce que le futur acheteur fera ou ne fera pas après la vente de l'entreprise. Les nouveaux propriétaires et dirigeants peuvent agir différemment de ce que vous avez envisagé.

ERREUR #6 : Ne pas accorder vos violons (si vous avez plusieurs associés)

Il est crucial, pour les entreprises dirigées par plusieurs associés, de convenir unanimement du plan de transmission avant d'engager des discussions avec les collaborateurs clés. Des messages contradictoires émanant des associés peuvent engendrer des incertitudes et des préoccupations parmi les collaborateurs, et ruiner les efforts d’une action concertée.

Les divergences d'objectifs de sortie entre associés sont courantes. La probabilité de divergences croît mathématiquement avec le nombre d’associés concernés, soulignant l'importance primordiale d'un alignement préalable des associés avant toute communication avec les collaborateurs clés.

ERREUR #7 : Ne pas travailler sur le partage de la valeur

La dernière erreur à éviter est de ne pas prendre en compte les questions légitimes de vos collaborateurs de confiance sur la façon dont votre future sortie les impactera. Ils auront des questions relatives à leur carrière, leur stabilité financière, l’impact sur leur famille.

Avec une préparation adéquate, cela est possible. La transmission peut créer de nouvelles opportunités d'emploi et de carrière. Si l'acheteur pressent est une entreprise de taille plus importante, il peut offrir des perspectives de carrière et d'opportunités d'avancement ainsi que des avantages et des programmes de rémunération attrayants.

Un outil supplémentaire et plus tangible est de mettre en œuvre des primes de rétention. Les primes de rétention permettent non seulement de maintenir les ressources en place pendant le processus et ainsi livrer l’entreprise intacte à l’acheteur, mais aussi comme une forme de participation au produit de la transaction. Pour que les primes soient versées, la condition est généralement que les collaborateurs restent dans votre entreprise jusqu'à la cession et peut-être au-delà pour une période de transition raisonnable.

Enfin, il est possible, comme le mettent en place les fonds d’investissements qui reprennent une entreprise aux cotés de plusieurs dirigeants clés, d’associer ces collaborateurs clés au capital et de prévoir dans le pacte d’actionnaires un dispositif de partage de la valeur sur les plus-values de cession .

La mise en place d'un dispositif de partage de la valeur lors de la cession de l'entreprise est essentiel pour récompenser et motiver les collaborateurs clés, assurant ainsi leur engagement et leur implication dans la transition.

POUR CONCLURE

La transparence, l'ouverture et l'alignement d'équipe sont des valeurs essentielles pour le succès durable d'une entreprise. Ne pas parler de la transmission avec les collaborateurs clés de confiance mine ces valeurs et compromet la réalisation d'une transmission réussie. Aborder la question avec les bons collaborateurs, au bon moment et de la bonne manière les invite à participer au processus pour garantir des résultats réussis pour tout le monde.

Bien sûr, les détails sont importants, et personne ne connaît mieux vos collaborateurs que vous. Pour vous aider à vous préparer davantage à parler à vos collaborateurs de la transmission, nous serons heureux d'en discuter avec vous. Contactez-nous pour organiser un appel gratuit et confidentiel afin d'échanger sur votre situation et vous aider à établir un plan pour une transmission réussie. EXITFIT est là pour vous aider.

Abonnez-vous à nos publications

Vous recevrez uniquement des articles de fonds. Aucune publicité. C'est promis !